Death Stranding – Le film de Michael Sarnoski proposera une histoire inédite

28 Sep 2025 | Cinéma Séries

Death Stranding

Dans un paysage où les passerelles entre jeu vidéo et cinéma se multiplient, à l’image des machines à sous inspirées de films ou de licences vidéoludiques que l’on retrouve sur Spinanga, Death Stranding s’apprête à franchir un cap décisif. Le projet de long métrage, produit par A24 en partenariat avec Kojima Productions, sera réalisé par Michael Sarnoski (Pig, A Quiet Place: Day One). Et l’info clé tombée ces derniers jours est limpide : le film ne racontera pas l’histoire du jeu d’origine, mais proposera un récit inédit dans le même univers.

Une « âme » fidèle, une intrigue nouvelle

Lors d’interventions récentes, Sarnoski a expliqué viser la « captation de l’âme » de Death Stranding : ses thèmes (l’isolement, la connexion, la reconstruction) et son atmosphère singulière, sans transposer littéralement les événements vécus par Sam Porter Bridges. Autrement dit, nouveaux personnages, nouvelle trame, même grammaire émotionnelle. L’objectif affiché : parler aux néophytes tout en offrant de la matière fraîche aux fans.

Cette orientation n’est pas une surprise totale pour qui suit Hideo Kojima : le créateur s’est déjà dit prudent vis-à-vis des adaptations « copier-coller » et promeut régulièrement l’idée de transposer un univers, pas un « let’s play » filmé. Dans le cadre du film, Kojima restera en surplomb : impliqué dans la supervision globale, mais laissant Sarnoski développer sa vision indépendante afin d’éviter le piège de la citation servile.

A24 x Kojima Productions : un cadre « prestige »

Annoncé publiquement par Kojima Productions fin 2023, le partenariat avec A24 donnait déjà la couleur : une approche auteurisante et cinéma de genre haut de gamme, plutôt qu’un blockbuster standardisé. La note officielle de Kojima Productions soulignait la volonté de creuser les mystères du “Death Stranding” — l’événement apocalyptique qui a redessiné les frontières entre vie et mort. Les annonces presse de Variety ont ensuite conforté la trajectoire hollywoodienne de Kojima, désormais représenté par WME, et le positionnement hautement cinéphile du projet.

Pourquoi ne pas « adapter » le jeu ?

Trois raisons dominent :

  • Éviter la redondance narrative : l’histoire du premier Death Stranding — et son impact — existent déjà en version « définitive » pour des millions de joueurs. Les rejouer à l’identique au cinéma risquerait de délaver la proposition.
  • Embrasser le langage du film : la force du jeu, c’est la traversée et la connexion systémique (livraisons, réseau chiral, gameplay-rituels). Le cinéma exige une compression et une dramaturgie centrée sur l’action des personnages. Un récit original libère Sarnoski du carcan de la fidélité littérale et lui permet de construire un arc cinématographique pur. (Interprétation fondée sur les propos du réalisateur visant une histoire « autonome ».)
  • Élargir l’audience : en s’ouvrant à un public qui n’a pas joué, le film peut introduire l’univers sans l’épaisseur encyclopédique du jeu, tout en dissimulant des clins d’œil que les fans reconnaîtront. C’est la stratégie explicitée par Sarnoski : accessibilité + nouveauté.

Ce que cela change pour les fans

Pour les joueurs, la promesse est double : retrouver le ton et les enjeux existentiels (solitude, filiation, responsabilité collective), mais sur un axe narratif inédit. Cela peut autoriser des géographies différentes, un casting nouveau, voire une période distincte du canon. Les propos relayés indiquent par ailleurs que Kojima ne souhaite pas s’impliquer “trop” dans le détail créatif, un geste de confiance envers Sarnoski et A24, et un moyen d’éviter l’auto-référence forcée.

Côté production, A24 a bâti sa réputation sur des auteurs forts et des univers singuliers ; dans ce cadre, Death Stranding pourrait gagner en lisibilité pour le grand public tout en conservant sa charge sensorielle et ses obsessions métaphysiques. Les dernières communications confirment que le casting et le calendrier restent à préciser — le chantier progresse mais demeure en phase de développement.

Le pari de Michael Sarnoski

Révélé par Pig (avec Nicolas Cage) et fraîchement passé par A Quiet Place: Day One, Sarnoski a montré qu’il savait mêler intimisme et tension. Transposer Death Stranding en expérience de cinéma sans le clone du récit original, c’est faire confiance au pouvoir de l’univers : BTs, Échoués, DOOMS, pluie temporelle, livraisons comme métaphores — autant de motifs que le film peut réinterpréter plutôt que recopier. Les médias spécialisés évoquent d’ailleurs le focus thématique plus que la continuité scénaristique.

En refusant l’adaptation littérale, Michael Sarnoski et A24 s’inscrivent dans une ligne devenue mature pour les adaptations de jeux : écrire du cinéma à partir d’un univers, pas l’inverse. Pour Hideo Kojima, c’est une extension naturelle d’un média-monde déjà transmédiatique, où les routes entre art interactif et septième art doivent se croiser sans se cannibaliser. Pour les spectateurs, la promesse est claire : un Death Stranding inédit, mais pleinement reconnaissable — la forme change, l’ADN demeure.