Natus Vincere
L’interrogation était très grande avant le début de la compétition sur l’état de préparation et de motivation de l’équipe Natus Vincere avant le début des play-offs de l’ESL Pro League sur Counter-Strike (une des compétitions principales du calendrier professionnel sur CS : GO). Et pour cause, l’équipe, constituée uniquement de joueurs ukrainiens et russes, n’avait plus été aperçue depuis le tournoi de Katowice, en Février dernier, soit avant le début de l’invasion russe en Ukraine.
L’incertitude sur la participation de la team Na’Vi, basée à Kiev, planait même sur le tournoi, mais au final les joueurs étaient bel et bien là et ils ont répondu de la plus belle des manières en réalisant des play-offs parfaits avant de finalement se faire éliminer par la team FaZe Clan, vainqueur final du tournoi, au terme d’un quart de finale bien disputé.
La 15ème saison de l’ESL Pro League se déroulait du 9 Mars au 10 Avril dernier à Düsseldorf, la première à ne pas se dérouler uniquement en ligne depuis la 10ème saison qui, elle, s’était passée à Odense au Danemark, et la question était de savoir qui succédera à Natus Vincere justement, les lauréats de la 14ème saison qui avaient battu en finale la team française Vitality.
Si Natus Vincere apparaissait comme des favoris légitimes au vu de leur statut de tenants du titre, la guerre en Ukraine entre Russes et Ukrainiens a fortement chamboulé tout cela. En effet, la team Na’Vi sur Counter-Strike : Global Offensive est constituée de 2 Ukrainiens et de 3 Russes, et a Kiev pour centre de base, ainsi que plusieurs sponsors russes, autant d’éléments problématiques au vu de la situation actuelle catastrophique en Ukraine en ce moment.
La première conséquence de la guerre en Ukraine pour Natus Vincere a eu lieu le 1er Mars quand, dans un tweet, l’équipe a annoncé mettre fin à son partenariat avec le conglomérat russe ESForce, giron de nombreuses entreprises liées à l’e-Sport en Russie, qui a toujours minimisé l’ampleur de l’invasion russe. Face à ce déni et « à l’horreur se déroulant en ce moment en Ukraine », la team Na’Vi n’a donc pas tardé à réagir et à couper les ponts avec ESForce dès le 6ème jour de l’offensive russe. Dans le même temps, on apprenait que les joueurs de l’équipe tentaient de continuer à jouer dans les bunkers et sous-sols de Kiev, surtout pour essayer de penser à autre chose.
Tout le monde était donc ravi de les retrouver pour l’ESL Pro League, et notamment sa star ukrainienne Oleksandr « s1mple » Kostyliev, sans bien savoir quel serait leur niveau de jeu. Mais l’équipe et « s1mple » ont répondu présents d’entrée, au travers d’une phase de poules parfaitement maîtrisée. 5 matches, 5 victoires, et une seule petite manche perdue face à l’équipe danoise d’Astralis. En plus de cela, « s1mple » a réalisé des prestations personnelles de haut niveau et, avec un Rating de 1,50, il devançait largement ses deux poursuivants « b1t » et « blameF » avec des Ratings respectifs de 1,29 et 1,25. L’Ukrainien paraissait donc bien lancé pour le titre de la MVP de la compétition, et Natus Vincere est d’un coup redevenue une des deux favorites de la compétition selon les bookmakers de l’e-Sport.
Sauf que voilà, la team Na’Vi n’a pas eu de chance car elle s’est retrouvée à affronter la team FaZe Clan, l’autre grand favori de la compétition et vainqueur du tournoi de Katowice, le dernier tournoi d’envergure sur CS : GO, dès les quarts de finale, alors que tout le monde s’accordait à dire que cette affiche aurait dû être celle de la finale. C’est donc FaZe Clan qui s’est imposé 2 à 0, mais au travers de 2 manches disputées et remportées 16-11 sur Inferno et 16-12 sur Dust II par FaZe Clan.
L’aventure s’est donc arrêtée là pour Natus Vincere et « s1mple » n’a donc logiquement pas remporté le titre de MVP mais, même si la team Na’Vi a en plus perdu sa place de numéro 1 mondial au dépend de FaZe Clan suite à leur victoire 3 à 1 en finale de l’ESL Pro League face à ENCE, l’essentiel était ailleurs pour Natus Vincere qui a prouvé qu’il faudra toujours compter sur elle cette saison sur Counter-Strike malgré le conflit entre les deux nations qui composent cette équipe. Le jeu, plus fort que la guerre !