TEST – Notre avis sur Call of Duty: Black Ops 7 (PC)

24 Nov 2025 | TESTS / PREVIEWS, TESTS / PREVIEWS - MIS EN AVANT

Call of Duty: Black Ops 7

Il y a des habitudes de joueur qui ne disparaissent jamais. Chaque automne, depuis que j’ai découvert Call of Duty avec Modern Warfare en 2007, je ressens la même tension familière au moment d’insérer le nouveau disque ou de lancer le nouveau téléchargement. Cette série a accompagné une grande partie de ma vie de joueur, depuis les soirées où l’on enchaînait les parties après les cours jusqu’aux discussions interminables sur les campagnes de Black Ops et les fusillades mémorables de MW2. C’est une tradition autant qu’un rendez-vous. Alors quand un nouvel épisode Black Ops arrive, cette attente prend une couleur particulière. On espère retrouver l’efficacité du multi, la densité des affrontements Zombies et surtout la campagne à grand spectacle qui, pendant longtemps, a constitué l’identité narrative de la série. C’est avec cet état d’esprit que j’ai abordé Call of Duty: Black Ops 7, prêt à me laisser surprendre mais aussi conscient de la fatigue que peut provoquer un cycle annuel qui peine parfois à se renouveler.

J’avais pu jouer à la bêta multijoueur, et c’est là que le jeu m’a immédiatement donné envie d’y revenir. Le système de mouvement, plus libre et plus expressif, m’avait convaincu dès les premières minutes. Une fois en main, on sent que ce déplacement plus dynamique n’est pas un gadget mais un véritable outil stratégique. Les changements d’axe, les transitions rapides, les glissades fluides et les reprises de vitesse donnent au joueur un sentiment de maîtrise qui encourage l’initiative. Le multijoueur de Black Ops 7 repose sur ce principe simple : vous donner les moyens de créer vos propres opportunités. L’action ne vous pousse pas seulement à tirer plus vite ; elle vous pousse à vous déplacer de façon plus intelligente. Cette approche donne un rythme très particulier, nerveux sans être chaotique, qui rappelle ce que Treyarch sait faire de mieux.

PREVIEW – Notre avis sur la bêta de Call of Duty: Black Ops 7 (PC)

Dans la version finale, ces sensations sont intactes. On retrouve ce plaisir immédiat d’un gunfight qui se décide en un instant mais qui reste compréhensible. Le recul des armes est suffisamment clair pour que l’on sente la montée du tir, et les temps de réaction sont calibrés pour laisser une chance même dans des situations défavorables. Les fusils d’assaut, par exemple, trouvent une place naturelle dans les cartes orientées moyenne distance, tandis que les mitraillettes permettent des prises de position rapides dans des espaces plus confinés. Les armes plus lourdes demandent plus d’anticipation, mais elles imposent une présence réelle dans les couloirs où elles excellent. L’ensemble offre une diversité appréciable sans se perdre dans une complexité artificielle. Le multijoueur réussit à combiner accessibilité et profondeur, ce qui explique pourquoi il fonctionne aussi bien après des dizaines d’heures.

Les cartes participent largement à cette réussite. Sans chercher l’originalité à tout prix, elles s’agencent autour d’un schéma clair : favoriser la circulation fluide tout en laissant des zones de tension plus serrées. Certaines sont visuellement très marquées, avec des environnements urbains futuristes qui pourraient facilement devenir illisibles, mais le jeu évite cet écueil. Je n’ai jamais eu l’impression d’être surpris par un tir provenant d’un angle que la carte ne me permettait pas de prévoir. C’est une qualité essentielle pour un titre qui repose sur le mouvement comme langage. Les cartes offrent suffisamment de nuances pour qu’on adapte son style sans donner l’impression d’être désavantagé si l’on préfère jouer plus calme ou plus agressif. C’est ce bon équilibre qui fait que le multijoueur tient sur la durée.

Mais dès qu’on quitte le multijoueur pour se tourner vers la campagne, l’impression change radicalement. Call of Duty: Black Ops 7 semble hésiter entre la volonté de proposer quelque chose de différent et l’obligation de respecter les codes traditionnels de la série. Le résultat n’est pas satisfaisant. La structure des missions manque de cohérence et l’ensemble donne l’impression d’être construit autour d’idées éparses plutôt que d’une vision claire. Là où les anciennes campagnes savaient mêler rythme, mise en scène et personnages mémorables, celle-ci peine à créer un fil conducteur. Les scènes s’enchaînent sans créer de progression émotionnelle ou dramatique. On avance parce que le jeu nous le demande, pas parce qu’on veut connaître la suite.

Le principal problème vient de la façon dont le jeu a été pensé pour la coopération. Jouer une campagne en coop peut être très amusant, mais cela ne doit pas se faire au détriment du solo. Ici, la conception tourne autour de missions étendues, avec des objectifs qui semblent exister surtout pour occuper plusieurs joueurs. Le rythme se distend, les séquences s’allongent plus que nécessaire et certaines zones paraissent interminables lorsqu’on les joue seul. Les ennemis arrivent en vagues régulières sans variation notable et les situations manquent de mise en scène. Et la manière dont ce mode impose une connexion permanente contribue largement à casser ce qui aurait pu rester du plaisir solitaire. Impossible de jouer hors ligne, impossible de mettre le jeu en pause, aucun checkpoint intermédiaire pour reprendre au milieu d’une mission, et même le risque d’être expulsé en cas d’inactivité un peu trop longue. Ces choix, incompréhensibles pour une campagne censée être vécue à son propre rythme, renforcent l’impression d’un mode pensé d’abord pour un groupe en ligne et seulement adapté a minima au joueur isolé.

À cela s’ajoute un autre problème : les personnages. Les Black Ops ont toujours eu un talent particulier pour créer des figures marquantes, parfois caricaturales mais toujours efficaces, capables de donner une identité claire au récit. Dans Black Ops 7, rien de tel n’émerge. Les protagonistes n’ont ni le charisme nécessaire ni les scènes permettant de s’installer dans la mémoire du joueur. Je ne me suis attaché à aucun d’eux, ce qui rend les enjeux narratifs presque invisibles. Cette absence d’incarnation rend l’ensemble encore plus difficile à suivre. On traverse la campagne comme on parcourrait une succession de niveaux sans réel lien entre eux. Et lorsqu’une histoire peine à établir même le minimum de relation entre le joueur et les protagonistes, elle perd son impact.

Le Zombies, lui, adopte une position plus mitigée. Le mode fonctionne, parfois même très bien, mais il manque d’élan. La carte principale est suffisamment grande pour encourager l’exploration et les premières manches procurent un rythme plaisant. On retrouve ce mélange de gestion de ressources, de montée en puissance et d’anticipation qui fait tout l’intérêt du mode. Les sensations sont bonnes, les combats sont lisibles et l’ambiance est travaillée avec un soin respectable. Mais malgré tout, quelque chose manque. Le mode ne parvient pas à proposer l’étincelle qui transformerait l’expérience en un moment mémorable. Les mécaniques sont efficaces mais prévisibles, les petites nouveautés ne changent pas vraiment la dynamique et l’ensemble semble fonctionner sur une base trop connue. Cela ne signifie pas que Zombies est raté. Au contraire, il offre plusieurs heures très agréables et constitue un excellent moyen de prolonger les sessions avec des amis. Simplement, il ne surprend jamais. On reste dans un cadre qui a déjà fait ses preuves sans le moindre ajout marquant. C’est un choix compréhensible pour préserver l’essence du mode, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’une série comme Black Ops pourrait pousser plus loin son expertise en matière de coop survival. En l’état, Zombies est un mode solide mais sans ambition visible.

Pris globalement, Black Ops 7 ressemble à un jeu construit avec sérieux mais sans véritable ligne directrice au-delà du multijoueur. Le titre cherche à lier ses modes à travers une progression commune, ce qui a l’avantage de donner un sentiment de continuité. On peut passer d’un mode à l’autre sans impression de perdre son temps. Cette cohérence fonctionnelle est un vrai point positif pour ceux qui aiment toucher à tout. Mais cette même cohérence a un revers : elle donne l’impression que chaque mode ne cherche plus vraiment à affirmer sa propre identité. Cette sensation se retrouve jusque dans Endgame, ce mode hybride censé prolonger la campagne et offrir une boucle d’extraction coopérative. L’idée est intéressante, mais l’exécution reste hésitante, trop étirée et finalement assez répétitive. On y perçoit la même volonté de rendre l’ensemble durable sans parvenir à lui donner une identité forte.

Call of Duty: Black Ops 7 m’a laissé une impression étrange, faite d’enthousiasme et de frustration mêlés. D’un côté, son multijoueur démontre avec assurance ce que la série peut encore produire de meilleur : un jeu d’adresse limpide, réactif, porté par un sens du rythme que peu de studios maîtrisent avec une telle constance. De l’autre, tout ce qui devrait donner de l’épaisseur à l’expérience manque de direction, comme si la série s’était peu à peu installée dans une zone de confort où l’on empile les modes sans chercher à leur donner une véritable identité. C’est ce décalage qui interroge. On sent que le savoir-faire est toujours là, intact, presque insolent lorsqu’il s’exprime dans le feu du duel, mais beaucoup moins inspiré dès qu’il s’agit de construire un cadre narratif ou coopératif qui tienne la route. Le résultat n’est pas catastrophique, loin de là, mais il laisse une impression d’inachevé, comme si une partie du jeu avançait par inertie pendant que l’autre continuait de briller. C’est d’autant plus regrettable que la série a déjà prouvé par le passé qu’elle savait concilier ambition et efficacité, spectacle et maîtrise, sans sacrifier l’un à l’autre.

Black Ops 7 n’est donc pas un épisode à rejeter, ni même un épisode faible : c’est un épisode déséquilibré, où l’excellence côtoie l’indécision. Ceux qui viennent pour le multijoueur y trouveront un terrain de jeu enthousiasmant, presque addictif dans sa précision. Ceux qui espéraient une campagne digne de la saga ou un mode Zombies capable de surprendre devront revoir leurs attentes. Reste l’essentiel : l’envie sincère que la série retrouve cette audace qui lui a permis, autrefois, de marquer durablement les esprits. Si Black Ops 7 n’est pas ce sursaut, il en souligne au moins la nécessité.