EA SPORTS FC 26
Chaque rentrée de septembre, c’est un rituel presque immuable : je glisse le disque ou je lance le téléchargement du nouvel opus de la simulation footballistique signée Electronic Arts. Depuis FIFA 07, j’ai accompagné année après année l’évolution d’une licence qui a façonné l’imaginaire de plusieurs générations de joueurs, avant de devenir EA Sports FC dans le fracas d’une rupture de partenariat avec la FIFA. Ce rendez-vous annuel n’est pas qu’un test technique, c’est aussi une plongée dans un univers qui me ramène à mes premières manettes et aux longues soirées passées à disséquer la moindre mécanique de jeu. Avec EA SPORTS FC 26 sur PlayStation 5, j’espérais trouver la confirmation d’une nouvelle identité, d’un virage assumé après le timide FC 24 et le correct mais convenu FC 25. J’ai trouvé un jeu plus raffiné, parfois plus audacieux, mais encore marqué par cette dualité frustrante entre l’ambition affichée et la réalité des compromis.
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La grande nouveauté mise en avant cette année est la séparation du gameplay en deux préréglages distincts : le mode Authentique et le mode Compétitif. Ce choix, loin d’être anecdotique, bouleverse profondément l’expérience. En Authentique, qui s’adresse clairement aux amateurs de Carrière et aux joueurs solitaires, le tempo ralentit, les passes nécessitent plus de précision, le poids de la fatigue et des conditions climatiques se fait sentir. Les milieux s’imposent à nouveau comme des zones de bataille, les défenses reprennent une part de responsabilité, et les buts se méritent davantage. Les sensations sont plus lourdes, plus réalistes, avec cette impression que chaque interception, chaque duel aérien peut basculer le cours d’un match. À l’inverse, le préréglage Compétitif, utilisé en ligne et dans Ultimate Team, accélère tout. Les passes fusent, les dribbles se succèdent à un rythme frénétique, les attaquants semblent survoler la pelouse et les gardiens peinent à contenir des offensives qui donnent parfois des allures de festival offensif. Défendre dans ce contexte devient un exercice ingrat, où la moindre hésitation est sanctionnée. Ce grand écart volontaire est à la fois la force et la faiblesse de FC 26 : il permet enfin de contenter deux publics différents, mais il accentue aussi la fracture entre l’expérience solo, plus gratifiante et cérébrale, et l’expérience multijoueur, spectaculaire mais parfois superficielle.
Manette en main, les progrès sont indéniables. Les passes s’enchaînent avec plus de cohérence, les dribbles bénéficient d’animations plus fluides, les duels physiques laissent moins place aux rebonds absurdes qui ruinaient l’immersion dans les épisodes précédents. Les gardiens, longtemps talon d’Achille de la licence, affichent de meilleurs positionnements, anticipent mieux les centres et repoussent moins systématiquement le ballon dans les pieds adverses. Mais tout n’est pas parfait : en Compétitif, leur fragilité persiste, notamment face aux frappes rasantes et aux enchaînements rapides dans la surface. L’intelligence artificielle des défenseurs s’est affinée en Authentique, où les lignes bougent plus logiquement, mais elle reste trop permissive en ligne, où les milieux de terrain s’évaporent dès qu’un joueur adverse enclenche un sprint. La physique du ballon profite d’ajustements sensibles : sur pelouse humide, il ralentit réellement, sur terrain sec il fuse davantage. Ces subtilités enrichissent l’immersion, même si elles restent discrètes pour le grand public.
C’est dans le mode Carrière que FC 26 réalise sans doute sa plus belle progression depuis des années. Les défis Manager Live insufflent une dynamique bienvenue : devoir rattraper un déficit de points, composer avec une sanction budgétaire ou gérer une blessure soudaine donne le sentiment de vivre une saison imprévisible. Les Événements Inattendus accentuent ce réalisme en introduisant de l’incertitude, qu’il s’agisse d’un joueur clé qui demande à partir, d’un sponsor qui se retire ou d’un président qui fixe de nouvelles attentes. Le Marché des Managers apporte une respiration supplémentaire, obligeant à surveiller les mouvements d’entraîneurs et à adapter sa stratégie à des adversaires qui ne stagnent plus. Quant à la Carrière Joueur, elle bénéficie du système d’Archétypes, qui structure la progression de votre avatar en profils distincts et donne plus de personnalité aux trajectoires individuelles. C’est l’une des rares fois depuis longtemps que je me suis surpris à relancer une Carrière plusieurs fois de suite, simplement pour voir comment ces imprévus pouvaient redessiner une saison. Certes, les négociations contractuelles conservent une rigidité datée et certains dialogues manquent encore de profondeur, mais l’ensemble respire enfin une volonté d’aller au-delà du simple calendrier de matchs.
Ultimate Team reste le cœur économique et médiatique de la licence, et sur ce terrain FC 26 joue un numéro d’équilibriste. Les nouveaux événements Live, les tournois à thème, les Gauntlets imposant des rotations d’effectif et les cartes Cornerstones censées renforcer la cohésion donnent un rythme plus varié à l’expérience. Les évolutions de joueurs, désormais étendues aux gardiens, apportent un sentiment de progression plus personnalisé. Mais cette générosité apparente se heurte à une réalité implacable : la présence omniprésente du Season Pass, avec son palier premium payant, et les éternels packs aléatoires qui continuent d’incarner l’ombre du pay-to-win. Les premières semaines laissent entrevoir une courbe de puissance plus contenue, mais il suffit d’affronter une équipe bourrée de légendes obtenues via monnaie réelle pour retrouver ce sentiment d’injustice qui mine le mode depuis des années. Oui, FC 26 fait des efforts pour renouveler Ultimate Team, mais le ver est toujours dans le fruit : la logique commerciale prend trop souvent le pas sur le plaisir ludique.3
Le mode Clubs, souvent relégué au second plan, gagne en visibilité avec l’arrivée des Archétypes. L’idée de spécialiser son avatar, de construire un profil précis pour renforcer l’identité d’un club, est séduisante. Elle encourage la coopération et donne plus de sens aux rôles sur le terrain. Mais elle s’accompagne d’un grind qui peut vite décourager, et d’une rigidité qui frustre ceux qui aimaient expérimenter librement. Les Rush Live Events, eux, apportent une touche de fraîcheur et dynamisent l’expérience collective, mais on sent encore un potentiel sous-exploité. La possibilité de rejoindre plusieurs clubs à la fois fluidifie la vie sociale de ce mode, sans pour autant en faire une révolution.
Sur le plan visuel, FC 26 s’impose sans peine comme l’opus le plus abouti techniquement. L’éclairage, les textures de pelouse, le rendu des cheveux et des visages franchissent un cap, tout comme l’ambiance des stades, plus vivante que jamais. Les caméras soulignent mieux l’intensité des rencontres, les ralentis mettent en valeur les gestes techniques et les célébrations gagnent en diversité. Les menus, modernisés, offrent une lisibilité accrue et intègrent de nouvelles options d’accessibilité qui méritent d’être saluées : mode Contraste élevé, suppression des ombres gênantes, affichage des informations clés comme les étoiles de gestes techniques ou le pied fort. Autant de détails qui montrent une écoute réelle de la communauté. En revanche, le commentaire reste le parent pauvre : plat, répétitif, manquant de nuance, il ne parvient pas à capter l’intensité d’un match comme le fait la réalisation visuelle.
Du côté des licences, la promesse de plus de 20 000 joueurs, 750 clubs et 35 ligues est respectée, mais certains manques continuent de peser. Certaines compétitions majeures sont absentes ou partiellement représentées, certaines équipes restent génériques, et ce décalage nuit à l’ambition d’authenticité totale. On apprécie cependant l’ajout de nouveaux stades et la fidélité des ambiances nationales, qui contribuent à l’immersion. Mais pour un titre qui se veut l’expérience de football ultime, chaque absence est ressentie comme une trahison.
Le point le plus sensible demeure la monétisation. FC 26 coûte déjà le prix fort à l’achat, et pourtant il ne cesse de rappeler au joueur qu’il existe des options payantes pour accélérer sa progression ou enrichir son effectif. Dans Ultimate Team, évidemment, mais aussi dans certains éléments cosmétiques des autres modes. Cette omniprésence du “premium” crée un climat de suspicion permanente : chaque nouveauté est scrutée à travers le prisme de savoir si elle est pensée pour le joueur ou pour la caisse de l’éditeur. Et c’est là que le bât blesse : derrière les indéniables améliorations de gameplay et les efforts sur les modes solo, subsiste cette impression que le cœur de l’expérience reste asservi à une logique économique qui ne dit pas son nom.
Alors, que penser au final d’EA SPORTS FC 26 sur PS5 ? C’est sans doute l’opus le plus travaillé depuis des années, celui qui ose enfin distinguer deux philosophies de jeu, celui qui redonne des couleurs au mode Carrière, celui qui soigne sa présentation et son accessibilité. Sur ces plans, il s’impose comme une réussite, et il offre aux passionnés de football virtuel un terrain de jeu plus riche et plus crédible. Mais c’est aussi un jeu qui refuse de trancher définitivement : il flatte les amateurs de simulation sans leur offrir un Authentique jouable en ligne, il séduit les compétiteurs tout en les enfermant dans une frénésie offensive déséquilibrée, il modernise Ultimate Team tout en maintenant ses travers les plus contestés, il améliore la vie des clubs virtuels tout en les corsetant dans un système d’archétypes contraignant. FC 26 est donc une réussite en demi-teinte, un opus que l’on prend plaisir à lancer, que l’on savoure par séquences, mais qui laisse un arrière-goût de compromis.
En tant que joueur qui suit la licence depuis FIFA 07, je ressors partagé. J’ai retrouvé le plaisir des batailles tactiques en Authentique, j’ai vibré face aux imprévus d’une Carrière enfin vivante, j’ai souri devant la beauté d’une frappe magnifiquement animée sous la pluie. Mais j’ai aussi pesté contre des défenses trop poreuses en ligne, soupiré devant la répétition d’un commentaire insipide, et ressenti cette lassitude familière devant l’insistance des microtransactions. FC 26 est un bon jeu de football, peut-être même le meilleur depuis plusieurs années, mais il n’est pas encore le grand tournant que l’on attend d’EA depuis longtemps. Il est un jalon, une étape, un compromis entre passé et avenir. Pour les passionnés, il reste un passage obligé, un terrain de jeu où l’on trouvera son compte, mais aussi un miroir de nos frustrations face à une série qui nous captive autant qu’elle nous déçoit.