TEST – Notre avis sur Kingdom Come: Deliverance II (PC)

17 Fév 2025 | TESTS / PREVIEWS, TESTS / PREVIEWS - MIS EN AVANT

Kingdom Come: Deliverance II

Dans le paysage exigeant du jeu de rôle réaliste, rares sont les titres qui parviennent à concilier fidélité historique, immersion profonde et mécaniques de jeu exigeantes. Kingdom Come: Deliverance II, sorti le 4 février 2025 sur PC, s’inscrit avec ambition dans cette lignée en reprenant le flambeau d’un premier opus qui avait déjà marqué les esprits. Warhorse Studios, fidèle à sa volonté de proposer une aventure médiévale authentique, nous livre ici une suite qui pousse encore plus loin les ambitions du studio. Mais cette nouvelle itération parvient-elle à corriger les écueils de son prédécesseur tout en conservant son identité unique ? Plongeons au cœur du royaume de Bohême et explorons les entrailles de ce jeu hors du commun.

Dès les premières heures de jeu, Kingdom Come: Deliverance II impressionne par la richesse de son univers. L’un des défauts majeurs du premier opus résidait dans un monde parfois trop statique, manquant de vie et de dynamisme. Ici, Warhorse Studios a visiblement pris en compte ces critiques pour nous offrir un monde plus réactif, plus vivant, où chaque PNJ suit un cycle de vie crédible. Les villages ne sont plus de simples décors, mais des lieux où les habitants vaquent à leurs occupations, interagissent entre eux, réagissent aux événements et s’adaptent aux actions du joueur. L’extension de la carte est également un atout indéniable. Si le premier opus se concentrait principalement sur la Bohême centrale, cette suite explore des territoires plus variés, des forêts denses aux collines escarpées, en passant par des villes fortifiées aux architectures impressionnantes. Chaque recoin est un témoignage du souci du détail des développeurs, qui ont travaillé en étroite collaboration avec des historiens pour retranscrire fidèlement l’Europe médiévale du XVe siècle.

Si Kingdom Come: Deliverance avait déjà posé de solides bases en termes de narration, cette suite approfondit encore davantage l’expérience. On retrouve Henry, notre héros, désormais plus aguerri mais toujours en quête de justice et de reconnaissance. L’histoire, mieux rythmée, alterne entre moments de tension dramatique, intrigues politiques et quêtes personnelles marquantes. L’une des améliorations majeures réside dans le système de choix et de conséquences, qui influence réellement le déroulement du jeu. Chaque décision prise impacte non seulement la suite des événements, mais aussi les relations avec les PNJ et l’évolution du monde qui nous entoure. Un acte de violence gratuit peut se répercuter bien plus tard dans l’aventure, tout comme une parole maladroite peut fermer des portes définitivement. Cet aspect renforce l’immersion et pousse le joueur à réfléchir avant d’agir, ajoutant une profondeur rarement atteinte dans un RPG historique. Avec une durée de 40 à 60 heures pour l’histoire principale et jusqu’à 100 heures pour les quêtes annexes, Kingdom Come: Deliverance II offre une expérience riche et dense. Les complétionnistes peuvent aisément dépasser les 130 heures de jeu. Cependant, si le système de choix apporte une réelle profondeur, la rejouabilité reste modérée, la plupart des variations affectant les dernières étapes de l’histoire plutôt que l’intégralité de l’aventure. L’exploration et la richesse du monde restent néanmoins des incitations fortes à replonger dans l’univers du jeu.

La richesse de Kingdom Come: Deliverance II ne se limite pas à son univers et à sa narration : son gameplay a lui aussi bénéficié d’un travail en profondeur. Le système de combat, l’un des points les plus clivants du premier opus, a été retravaillé pour offrir une expérience plus fluide tout en conservant son exigence. Les duels sont toujours aussi techniques, demandant patience, maîtrise du timing et bonne gestion de l’endurance. Le maniement des armes, du simple poignard à l’épée longue, offre des sensations fidèles et un réel sentiment de progression à mesure que l’on améliore ses compétences. Mais l’un des aspects les plus impressionnants reste la diversité des approches possibles. Là où de nombreux RPG se contentent de proposer des combats frontaux, Kingdom Come: Deliverance II offre de nombreuses alternatives : persuasion, intimidation, ruse ou encore infiltration sont autant d’outils mis à la disposition du joueur. Ainsi, une quête peut être résolue de multiples façons, renforçant encore la sensation de liberté et d’immersion.

Warhorse Studios n’a jamais caché son ambition de proposer une expérience la plus fidèle possible à la réalité historique. Ce souci du réalisme se retrouve dans chaque aspect du jeu : de la gestion de la faim et de la fatigue à l’importance de l’entretien de son équipement, en passant par le respect des lois locales et des coutumes sociales. Ainsi, entrer dans une taverne en vêtements souillés peut entraîner des regards désapprobateurs, tandis qu’une armure mal entretenue perd en efficacité. Cette quête d’authenticité se ressent également dans les dialogues et les interactions sociales. Le système d’éloquence a été approfondi, offrant de véritables joutes verbales où l’intonation, le choix des mots et la réputation jouent un rôle clé. Les PNJ ne sont plus de simples figurants, mais des individus avec leur propre personnalité, leurs croyances et leurs préjugés, rendant chaque conversation unique et imprévisible.

L’ambiance sonore joue un rôle essentiel dans l’immersion d’un RPG, et sur ce point, Kingdom Come: Deliverance II ne déçoit pas. La bande-son, composée par Jan Valta, alterne entre morceaux épiques lors des affrontements et mélodies plus douces lors des phases d’exploration. Chaque musique accompagne parfaitement l’ambiance du moment, renforçant l’émotion et l’intensité de l’expérience. Les bruitages, eux aussi, sont d’une grande qualité. Le cliquetis des armes, le bruissement des feuilles sous le vent, les conversations lointaines dans une taverne… chaque son contribue à rendre ce monde plus crédible. Mention spéciale au doublage, particulièrement réussi, qui donne une véritable personnalité aux personnages et renforce l’attachement du joueur à leur égard.

D’un point de vue technique, Kingdom Come: Deliverance II fait un bond en avant par rapport à son prédécesseur. Grâce aux améliorations du CryEngine, le jeu bénéficie d’environnements plus détaillés, d’une gestion de la lumière plus naturelle et d’animations plus fluides. Les effets climatiques, comme la pluie ou le brouillard, apportent une véritable plus-value visuelle, rendant chaque paysage encore plus immersif. Cependant, malgré ces avancées, le jeu n’est pas exempt de défauts. Quelques problèmes d’optimisation subsistent, notamment sur les configurations plus modestes, avec des chutes de framerate dans certaines zones densément peuplées. De même, certains bugs mineurs, comme des PNJ adoptant des comportements étranges ou des collisions imparfaites, viennent parfois troubler l’immersion. Rien de dramatique, mais ces imperfections rappellent que Kingdom Come: Deliverance II reste un projet ambitieux qui, malgré tout, peine encore à atteindre une finition parfaite.

Avec Kingdom Come: Deliverance II, Warhorse Studios confirme son savoir-faire et livre une suite ambitieuse, immersive et exigeante. En corrigeant les faiblesses du premier opus tout en approfondissant son univers, le studio tchèque propose une expérience unique pour les amateurs de RPG réalistes. L’histoire captivante, les mécaniques de gameplay enrichies et l’attention portée au détail font de ce jeu une réussite indéniable. Toutefois, quelques imperfections persistent, notamment sur le plan technique, empêchant le titre d’atteindre l’excellence absolue. Mais ces défauts restent mineurs face aux qualités indéniables de cette aventure hors norme. Kingdom Come: Deliverance II n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains : il demande du temps, de la patience et un véritable engagement. Mais pour ceux prêts à s’immerger pleinement dans cet univers exigeant, la récompense est à la hauteur de l’effort consenti : un voyage inoubliable au cœur du Moyen Âge.