TEST – Notre avis sur l’écran gaming AOC AGON PRO AG326UD

12 Juin 2025 | #HighTech, HIGHTECH – MIS EN AVANT

AG326UD

Il y a des objets qui suscitent d’emblée des attentes, parce qu’ils prétendent ne faire aucun compromis. Le AOC AGON PRO AG326UD fait partie de ceux-là. Comment ignorer un moniteur 31,5 pouces en 4K, QD-OLED, cadencé à 165 Hz, proposé sous la barre des 800 euros ? Ce qui, jusqu’à récemment, relevait du fantasme technique devient ici tangible. Mais la promesse est à double tranchant. Car s’aventurer sur le terrain de l’élite exige plus que des chiffres : cela réclame une cohérence, une rigueur d’ingénierie, une vision précise de l’expérience utilisateur. Que vaut réellement l’écran gaming AG326UD ? Est-il à la hauteur des ambitions ?

Le AGON PRO AG326UD déploie une fiche technique redoutable. Son panneau QD-OLED 10 bits de 31,5 pouces affiche une définition UHD de 3840 x 2160 pixels, pour un ratio classique 16:9. Il offre un taux de rafraîchissement natif de 165 Hz, un temps de réponse annoncé à 0,03 ms (gris à gris), et une couverture colorimétrique qui dépasse allègrement les standards : 138 % sRGB, 99 % DCI-P3 et 97,5 % Adobe RGB. Il est certifié DisplayHDR True Black 400, un label qui garantit une excellente restitution des noirs, bien au-delà de ce que permettent les dalles IPS ou VA traditionnelles. Les mesures indépendantes indiquent cependant une luminosité mesurée d’environ 200 nits, en deçà des 250 nits revendiqués par AOC, un écart à prendre en compte selon l’environnement lumineux.

Le design du AG326UD frappe par sa sobriété élégante, tranchant volontairement avec les excès esthétiques de certains modèles gaming. AOC adopte ici un châssis noir mat texturé, agrémenté à l’arrière d’un subtil éclairage RGB paramétrable. L’ensemble respire la rigueur et le souci du détail. Le pied, massif mais discret, offre une amplitude de réglage complète : 150 mm en hauteur, inclinaison (-5° à +20°), rotation latérale (30° de chaque côté) et pivot en mode portrait — une fonctionnalité observée sur le terrain mais non précisée dans la fiche constructeur. Le système de gestion des câbles intégré dans le support est bien conçu. La fabrication inspire confiance. Aucune flexion parasite du châssis, aucune approximation d’assemblage. La dalle est parfaitement tendue dans son cadre, sans fuite de lumière perceptible ni défaut de surface. C’est une pièce maîtrisée, pensée pour durer et s’intégrer aussi bien sur un bureau de créatif que dans une station gaming exigeante. Côté connectique, il s’équipe de deux ports HDMI 2.1, d’un DisplayPort 1.4, d’un hub USB 3.2 Gen 1 (trois ports en aval, un port USB-B en amont \[upstream] pour activer le hub USB), et d’une sortie audio au format jack 3,5 mm. Il prend en charge l’Adaptive Sync et se montre compatible avec les environnements G-Sync et FreeSync. On le voit : ce moniteur est construit pour une polyvalence de très haut niveau, aussi bien en jeu qu’en création. L’offre de ports est large et cohérente, mais l’absence de connecteur USB-C se fait sentir, surtout pour un produit visant aussi les créateurs de contenu. Si les deux HDMI 2.1 permettent de connecter des consoles de nouvelle génération et le DisplayPort 1.4 assure une compatibilité optimale avec les GPU les plus récents, l’ajout d’un USB-C avec Power Delivery aurait parachevé l’ensemble, permettant une connexion directe aux laptops haut de gamme.

L’intégration sonore se limite à deux haut-parleurs de 8 watts. Suffisants pour une notification ou une vidéo YouTube, ils ne sauraient convenir à une écoute prolongée ou à une session de jeu immersive. Le spectre est étroit, les basses absentes, les médiums plats. Il ne s’agit clairement pas d’un argument du produit. Toute installation sérieuse nécessitera des enceintes dédiées ou un bon casque. Le port jack 3,5 mm, heureusement, est propre et sans parasite. Malgré ses performances, le AG326UD reste modéré dans sa consommation. En usage standard SDR, il oscille autour des 60 watts, et grimpe à 80-85 watts en HDR à pleine luminosité. Le panneau QD-OLED chauffe modérément, sans excès. La dissipation thermique est passive mais efficace, sans bruit ni ventilation active. Aucun point chaud n’est ressenti sur la dalle, même après plusieurs heures d’utilisation intense. L’OSD, accessible via un joystick à l’arrière droit, propose une interface simple mais perfectible. L’ergonomie n’est pas toujours limpide, certaines fonctions sont redondantes ou mal localisées, et l’ensemble gagnerait à être repensé pour faciliter les ajustements rapides. En revanche, la présence de fonctionnalités comme le déplacement de pixels, le rafraîchissement automatique de la dalle et la détection des éléments statiques témoigne d’une vraie volonté de prévenir le burn-in, maladie chronique de l’OLED. Ces outils fonctionnent en arrière-plan, sans altérer la fluidité ni la réactivité de l’expérience visuelle.

La première chose que l’on ressent en allumant ce moniteur, c’est une profondeur. Pas uniquement celle des noirs abyssaux — bien qu’ils soient spectaculaires — mais celle de l’image dans son ensemble. Le QD-OLED révèle ici toute sa force : une richesse chromatique sans surcharge, une homogénéité impressionnante et une netteté chirurgicale sur tout le panneau. En HDR, le rendu explose littéralement, avec des zones de lumière éclatantes sans débordement, et des ombres détaillées jusque dans les noirs les plus profonds. En SDR, la luminosité plafonne à environ 200 nits mesurés, une valeur correcte pour un usage en environnement modérément éclairé, mais susceptible d’atteindre ses limites face à une forte lumière ambiante ou en configuration multi-fenêtres près d’une source lumineuse directe. Une finition à tendance semi-brillante selon les observations terrain peut accentuer cette limite en rendant les reflets plus perceptibles selon l’angle et la luminosité ambiante. Cela étant dit, le contraste infini propre à l’OLED compense partiellement cette faiblesse. Les angles de vision sont quant à eux parfaits, sans aucune dérive colorimétrique ou perte de luminosité, même en oblique prononcé.

En situation de jeu, le AG326UD se révèle tout simplement bluffant. Que ce soit dans des FPS nerveux comme Valorant ou Call of Duty, ou dans des titres plus contemplatifs comme Cyberpunk 2077, la dalle QD-OLED conjugue réactivité et immersion avec une aisance rare. Les 165 Hz sont parfaitement exploités, la latence est imperceptible, les transitions d’images d’une fluidité constante. Aucun effet de ghosting ni de tearing ne vient perturber l’expérience. Les consoles de génération actuelle, PS5 et Xbox Series X, bénéficient ici d’un affichage 4K à 120 Hz via HDMI 2.1, avec prise en charge du HDR10 et d’un taux de rafraîchissement variable via Adaptive Sync, ce qui pourrait également bénéficier aux consoles compatibles. Le résultat est aussi impressionnant que sur un téléviseur OLED premium, à la différence près qu’ici, le temps de réponse et la fidélité chromatique sont encore plus poussés. On redécouvre littéralement certains jeux tant le rendu est précis et contrasté. Les joueurs ultra-compétitifs regretteront peut-être l’absence d’un taux de rafraîchissement à 240 Hz, mais pour 99 % des usages, le compromis trouvé ici est plus que pertinent.

Si l’on quitte un instant l’univers ludique, le AG326UD reste tout aussi pertinent dans un contexte professionnel. La couverture étendue des espaces colorimétriques sRGB, Adobe RGB et DCI-P3, couplée à une fidélité remarquable dès la sortie d’usine, en fait un moniteur de choix pour les photographes, vidéastes ou graphistes. Les dégradés sont fluides, les aplats parfaits, les noirs stables et les détails constants sur toute la surface. Seule limite réelle : l’absence de calibrage matériel intégré et, une fois encore, le port USB-C manquant qui aurait facilité les workflows modernes. Malgré cela, la dalle QD-OLED brille littéralement pour les tâches de précision. Aucun scintillement, aucune aberration perceptible. On peut travailler des heures durant sans fatigue visuelle, grâce à une gestion exemplaire du flicker-free et à un traitement antireflet discret mais efficace. L’inquiétude inhérente à toute dalle OLED reste la persistance d’image. Ici, AOC a mis les bouchées doubles pour rassurer : le moniteur intègre des fonctions avancées de protection, comme le rafraîchissement automatique de la dalle, le déplacement subtil des pixels et la détection des éléments statiques (barres de menu, logos). Ces mécanismes fonctionnent discrètement, sans jamais gêner l’utilisateur. Par ailleurs, AOC accompagne le produit d’une garantie de trois ans contre le burn-in — une rareté dans le secteur. Cela constitue une prise de position forte, traduisant une confiance manifeste dans la robustesse du panneau. Pour une utilisation mixte, alternant gaming, travail bureautique et multimédia, le risque devient marginal tant que les précautions basiques sont respectées.

Affiché autour de 750 €, ce moniteur vient bousculer le segment premium. Face à un Samsung Odyssey OLED G8 plus onéreux et à un Philips Evnia 32M2N8900 au design plus audacieux mais à la dalle comparable, le AG326UD joue la carte de l’équilibre. Il surpasse même certains concurrents plus chers sur la fidélité colorimétrique ou la gestion du ghosting. Certes, il lui manque quelques raffinements (USB-C, meilleure OSD), mais il frappe là où ça compte : qualité d’image, fluidité, cohérence d’ensemble. Le AGON PRO AG326UD réussit l’essentiel : proposer une image exceptionnelle, un confort d’utilisation quotidien, une réactivité sans compromis et une polyvalence rare. Son design sobre et sa finition solide en font un objet de confiance. Il lui manque cependant un port USB-C pour parfaire la connectique, un OSD plus fluide et une gestion sonore digne de son positionnement. Mais l’équation qu’il incarne est rare : celle d’un produit qui place la technologie au service de l’expérience, sans fanfare ni excès, mais avec une maîtrise qui force le respect.

Le AOC AGON PRO AG326UD n’est pas un moniteur parfait, mais il est redoutablement juste. Il illustre avec brio ce que le QD-OLED permet aujourd’hui à un tarif encore inimaginable il y a deux ans. Il vise le cœur de cible des technophiles avertis, de ceux qui veulent tout : la précision, la réactivité, l’immersion et la fidélité. Il ne conviendra pas à ceux qui cherchent un produit bureautique simple ou un moniteur d’appoint. Mais pour qui comprend ce qu’il propose, c’est une révélation. Ce moniteur n’est pas simplement un bon choix. C’est un choix éclairé, assumé, pertinent. Celui d’une technologie à maturité, entre les mains de ceux qui savent en tirer le meilleur.