TEST – Notre avis sur l’écran gaming AOC AGON PRO AG346UCD

4 Août 2025 | #HighTech, TESTS / PREVIEWS

AG346UCD

Il n’a pas la prétention de bouleverser le paysage. Il ne cherche pas à séduire par une avalanche de chiffres. Et pourtant, il s’impose. Silencieusement. Le AGON AG346UCD est de ces produits qu’on remarque sans tapage, parce qu’ils parviennent à conjuguer technicité, cohérence et un certain sens de la mesure. AOC ne le présente pas comme une révolution, mais comme une étape naturelle. Une sorte d’aboutissement temporaire. Et c’est peut-être cela, justement, qui le rend si convaincant.

L’époque a changé. Le marché aussi. Le temps des dalles OLED élitistes, réservées à une poignée de passionnés prêts à cohabiter avec des ombres persistantes et des services après-vente indifférents, s’éloigne lentement. L’OLED s’apprivoise. Il ne devient pas banal, mais il cesse d’être inabordable. Le AG346UCD incarne cette transition. Ce 34 pouces incurvé en 21:9 s’inscrit avec calme dans une nouvelle génération de moniteurs : ceux qui ne cherchent pas à dominer un tableau de specs, mais à offrir une expérience mesurée, homogène, stable. Pas de frime, peu de concessions. Juste ce qu’il faut, où il faut.

Dès le déballage, l’objet impose un certain respect. Lourd, dense, bien assemblé, il ne triche pas sur ses matériaux. L’aluminium brossé du pied, la texture mate de l’arrière du châssis, l’épaisseur contenue malgré la dalle OLED : tout suggère un soin porté à l’objet en tant que tel. Le montage se fait sans outil, mais demande un minimum de vigilance. Ce n’est pas un écran qu’on déplace ou qu’on monte seul sans y réfléchir. Le poids est là, la structure impose une certaine gravité physique, et cela correspond bien à l’intention globale du produit : on est ici dans le sérieux, pas dans la démonstration légère. Il faudra tout de même faire preuve d’un peu de patience : les trous de fixation du pied ne s’alignent pas toujours au millimètre, et forcent parfois à manipuler l’ensemble avec précaution. Rien d’insurmontable, mais un premier contact un peu plus exigeant qu’on ne l’imaginait.

Une fois en place, l’AGON AG346UCD prend naturellement possession de l’espace. Son pied large occupe une part non négligeable du bureau, et sa courbure 1800R s’intègre sans forcer, avec cette souplesse visuelle qui donne de l’ampleur sans forcer l’œil. Le format, surtout, mérite qu’on s’y attarde. Ce ratio 21:9, associé à une diagonale de 34 pouces, redéfinit l’espace visuel. Ce n’est pas un simple élargissement : c’est une bascule de perspective. Les environnements s’ouvrent latéralement, les lignes de fuite gagnent en naturel, les panoramas s’étirent avec une évidence troublante. Loin d’un gadget, cette largeur devient un langage. Elle fluidifie le multitâche, allège les fenêtres, donne de l’air aux interfaces sans jamais surcharger le regard. En jeu, c’est une immersion organique. En création, c’est une respiration. Le AG346UCD ne se contente pas d’afficher plus : il cadre autrement. Et cette manière d’occuper l’espace, souple et enveloppante, devient très vite un réflexe visuel auquel on ne revient pas. Il faudra néanmoins composer avec une base imposante, qui peut gêner les utilisateurs à faible sensibilité de souris ou sur de petites surfaces de travail. La stabilité est irréprochable, mais l’encombrement est réel.

L’ergonomie ne déçoit pas : l’ajustement en hauteur, l’inclinaison et la rotation latérale permettent de trouver rapidement une position confortable, sans avoir à composer avec des angles morts ou des reflets mal placés. L’OSD est clair, accessible par un joystick réactif, mais surtout, le logiciel G-Menu permet de tout piloter depuis le bureau, sans quitter sa session de jeu ou de travail. Un détail, certes, mais qui témoigne d’une attention à l’usage quotidien.

Mais tout cela, on le pressentait. Ce qui compte, évidemment, c’est ce que donne l’écran une fois allumé. Et c’est là que l’élégance du produit devient manifeste. La dalle QD‑OLED brille — au sens propre et figuré — par sa capacité à restituer une image d’une profondeur rare. Cette qualité d’image ne doit rien au hasard. Elle découle directement du choix de technologie : une dalle QD-OLED de dernière génération, capable d’unir les noirs absolus de l’OLED à la vivacité spectrale des Quantum Dots. Contrairement aux dalles WOLED plus classiques, le rendu ici gagne en pureté lumineuse, en justesse des tons clairs, en éclat sans débordement. Les scènes très colorées — peaux, végétation, effets de lumière — y trouvent une richesse subtile, presque organique. Ce n’est pas une surbrillance forcée. C’est une densité nouvelle, portée par une structure optique mieux pensée. On perçoit moins l’électronique, plus l’image. Et cela, pour un écran de cette gamme, c’est une vraie distinction.

Le contraste n’est pas simplement élevé, il est total. Les noirs ne sont pas sombres, ils sont absents. Et cette absence produit un effet de relief immédiat. Dans une pièce plongée dans la pénombre, un fond noir devient indistinct du cadre. L’image flotte, littéralement, sans bord apparent. Mais ce contraste, si spectaculaire soit-il, ne serait rien sans une gestion colorimétrique à la hauteur. Et ici, le AG346UCD surprend. Par sa justesse, d’abord. Le rendu d’usine impressionne par son équilibre et sa neutralité, sans qu’un calibrage poussé ne soit nécessaire dès les premiers usages. Les teintes ne débordent jamais. La saturation est présente, vibrante, mais jamais outrancière. Le gamut natif couvre l’essentiel des besoins professionnels : DCI-P3, sRGB, Adobe RGB, tout y est, avec des taux de couverture qui flirtent avec la perfection. Les dégradés sont fluides, les aplats propres, les zones sombres détaillées sans tricherie logicielle. Certains coloris très saturés, notamment en HDR, paraissent légèrement plus timides que sur d’autres QD-OLED plus haut de gamme. Les rouges les plus vifs, ou certains magentas, manquent parfois d’un soupçon d’éclat. Mais cette retenue sert peut-être mieux l’ensemble, en évitant toute dérive vers l’artificiel.

L’expérience en jeu est à la hauteur des ambitions annoncées. Le 175 Hz via DisplayPort permet une fluidité impeccable sur les titres compétitifs. Pas de tearing, pas de stuttering, aucune latence perceptible. Le mode Low Input Lag semble s’activer discrètement lorsque le taux de rafraîchissement augmente à plus de 120 Hz, sans que cela ne nécessite d’intervention manuelle. Ce n’est pas une fonctionnalité qu’on remarque, c’est une absence de friction. Et c’est bien plus précieux. La technologie OLED, ici, montre toute sa supériorité dans la gestion du mouvement : les transitions sont nettes, sans traînées, sans rémanence. Le curseur réagit instantanément. Dans un shooter nerveux ou un jeu de course rapide, cela change tout. Et même dans des titres plus contemplatifs, l’absence de flou apporte un confort visuel que l’on n’abandonne plus. Les fonctions dédiées au jeu, quant à elles, sont suffisamment nombreuses pour satisfaire les plus méticuleux. Modes spécifiques, ajustements du gamma, gestion de l’ombre, viseur intégré, compteur de FPS : tout est là, activable à la demande, sans surcharge. C’est une boîte à outils discrète, pas une panoplie tapageuse. On l’utilise quand on en a besoin, on l’oublie le reste du temps.

Et pourtant, malgré cette fluidité exemplaire, malgré cette immersion sans accroc, le AG346UCD garde une retenue étonnante sur un point précis : le HDR. L’écran est bien compatible, et même certifié DisplayHDR True Black 400. Les pics lumineux sont là, les scènes sombres prennent une profondeur qu’aucun IPS ne saurait égaler. Mais il ne faut pas s’attendre à une claque visuelle. Pas de surbrillance aveuglante, pas de halo irréel autour des sources de lumière. Le HDR ici est subtil, presque pudique. Il fait ce qu’il doit faire, mais sans chercher à impressionner. L’image conserve une stabilité lumineuse appréciable, sans que des variations perceptibles ne viennent perturber le confort visuel — indépendamment de la méthode de modulation employée. L’image reste maîtrisée. Les tons clairs ne débordent jamais. L’ensemble respire la cohérence.

Cette sobriété trouve un écho dans un autre domaine : celui de l’entretien de la dalle. Car AOC ne fait pas l’autruche. L’OLED a ses limites, et la marque les prend de front. Le moniteur intègre un arsenal préventif complet contre le burn-in : rafraîchissement manuel, déplacement des sous-pixels, atténuation des logos, réduction de la luminosité sur les bords et la barre des tâches… Chaque mesure est paramétrable. Et mieux encore, l’écran vous rappelle de les utiliser. Une alerte discrète après quelques heures vous invite à lancer un nettoyage. C’est intrusif ? Peut-être. Mais c’est surtout rassurant. Et l’interface permet de suivre l’historique de ces opérations, de garder un œil sur la santé de la dalle. Ce n’est plus un mystère. C’est une discipline. Et elle s’apprend vite. Seule nuance : le rappel automatique de rafraîchissement, calé à intervalles réguliers, peut parfois interrompre une session de jeu prolongée ou une soirée de visionnage. Une personnalisation de ces alertes aurait sans doute été bienvenue. Rien de rédhibitoire, mais un léger accroc dans une expérience autrement fluide.

Côté connectique, le AG346UCD fait le travail sans fanfare. Pas de HDMI 2.1, ce qui peut frustrer certains joueurs console. Mais en DisplayPort, tout est là : 175 Hz, 10 bits, compression DSC. Les ports USB sont nombreux, bien placés, certains compatibles charge rapide. Le hub fonctionne comme prévu. La sortie casque est propre, les haut-parleurs internes sont passables — suffisants pour un usage ponctuel, mais sans ambition acoustique. L’ensemble reste silencieux, sans ventilateur, avec une dissipation passive efficace. Et l’alimentation intégrée simplifie la gestion des câbles, tout en contribuant à la masse de l’ensemble.

Ce qui étonne, c’est la discrétion avec laquelle cet écran gère la polyvalence. Il est naturellement taillé pour le jeu, c’est son ADN. Mais il se montre tout aussi pertinent en productivité, en retouche, en montage. Le format 21:9 donne de l’air aux interfaces. La définition offre de la précision sans nécessiter de mise à l’échelle. La colorimétrie, fidèle et maîtrisée, permet de travailler sans mauvaise surprise. Et les fonctions PIP/PBP, bien pensées, ajoutent une vraie valeur pour les configurations multi-sources.

Même la consommation reste mesurée. À 100 W en usage normal, 0,5 W en veille, il se situe dans la moyenne haute des moniteurs OLED. Rien d’excessif. Rien d’absurde. Là encore, AOC reste dans la justesse. Et c’est probablement le mot qui résume le mieux ce AGON AG346UCD. La justesse. Il ne cherche pas à briller plus fort que les autres. Il cherche à briller mieux. Là où certains écrans en font trop, lui choisit la maîtrise. Là où la concurrence court après des pics de luminosité ou des fréquences extrêmes, lui s’attache à l’essentiel : l’image, le confort, la fiabilité.

Cela implique quelques concessions. Pas de HDMI 2.1, une luminosité HDR contenue, un pied encombrant, une vigilance régulière sur l’entretien de la dalle. Et pour les joueurs les plus exigeants, un taux de rafraîchissement plafonné à 175 Hz, là où certains modèles visent désormais les 240. Mais dans la majorité des cas, cet écart reste théorique : peu de titres exploitent pleinement ces sommets, et l’AG346UCD propose déjà une réactivité exemplaire. La confiance naît aussi de la répétition. À l’usage, rien n’a trahi cette stabilité. Ce n’est pas un écran pour ceux qui veulent tout, tout de suite. C’est un écran pour ceux qui savent ce qu’ils veulent. Un outil, pas un jouet. Une dalle taillée pour durer, pour travailler, pour jouer — sans bruit, sans égo, mais avec une forme de grandeur tranquille. Le AGON AG346UCD ne change pas la donne. Il l’apaise.