TEST – Notre avis sur l’écran gaming Philips Evnia 32M2C5500W/00

20 Juin 2025 | #HighTech, HIGHTECH – MIS EN AVANT, TESTS / PREVIEWS

32M2C5500W/00

Il existe des produits qui ne cherchent pas à réinventer la roue, mais à la faire tourner avec une fluidité nouvelle. Le Philips Evnia 32M2C5500W/00 appartient à cette catégorie : un moniteur gaming QHD de 32 pouces, incurvé, qui affiche un taux de rafraîchissement de 240 Hz et promet une expérience immersive sans superflu. Le 32M2C5500W/00 s’inscrit dans la stratégie Evnia de Philips, une gamme pensée pour allier esthétisme, fonctionnalité et accessibilité. Face à une concurrence féroce sur le segment des 32 pouces QHD, ce modèle entend offrir un équilibre subtil entre performances gaming, confort d’utilisation et sobriété design. Son tarif positionné autour de 450 € le rend attractif pour les joueurs exigeants mais rationnels, ceux qui veulent une fréquence élevée, un bon contraste, un design ergonomique, sans verser dans les extravagances OLED, comme le Philips Evnia 32M2N8900, ou mini-LED. Sur le papier, il ne prétend pas à la révolution technologique, mais joue la carte de la maîtrise technique, du confort visuel et de la compétitivité tarifaire. Une ambition modeste en apparence, mais redoutablement exigeante dans son exécution.

Le moniteur adopte une esthétique sobre et contemporaine. La courbure 1000R de la dalle VA de 31,5 pouces est bien intégrée, immersive sans être agressive. Le châssis noir mat, dépourvu de fioritures, se distingue par sa finesse d’exécution. Le pied, au design en V inversé, assure une bonne stabilité, même si sa base occupe une surface importante sur le bureau. L’ergonomie est complète : réglage en hauteur (130 mm), inclinaison (−10°/↑1°) et pivot latéral (±25°). Il intègre un joystick de navigation pour l’OSD à l’arrière droit de l’écran, malheureusement peu réactif – un délai de 4 à 5 secondes avant l’affichage du menu rend son usage frustrant. L’ensemble reste cependant bien assemblé, sans jeu ni craquement, avec une dalle solidement enchâssée, et un design suffisamment neutre pour s’adapter à des contextes professionnels. On notera toutefois que la courbure accentuée peut générer une légère distorsion géométrique sur des lignes droites, perceptible dans certains usages de bureautique avancée ou de création graphique, sans être véritablement rédhibitoire. En matière d’écoconception, Philips met en avant l’utilisation partielle de plastiques recyclés ainsi qu’un emballage majoritairement recyclable, ce qui s’inscrit dans une démarche plus responsable appréciable, même si elle reste discrète sur l’appareil lui-même. La connectique est honnête : 2x HDMI 2.0, 2x DisplayPort 1.4, un hub USB 3.2 avec quatre ports (dont deux à charge rapide), sortie casque 3,5 mm. Pas de USB-C à l’horizon – une absence regrettable pour une configuration moderne.

Sous sa coque, le 32M2C5500W/00 embarque une dalle VA QHD (2560×1440), 8 bits + FRC, capable d’afficher jusqu’à 240 images par seconde via DisplayPort 1.4. Le HDMI 2.0 se limite à 144 Hz. En pratique, la dalle affiche une luminosité maximale mesurée entre 470 et 490 cd/m², très correcte pour sa catégorie. Le contraste natif mesuré varie de 3750:1 à 5200:1 selon les scènes et les outils, bien que Philips annonce une valeur typique de 3000:1. Les noirs sont profonds, et la lisibilité reste excellente en basse lumière, sans recours au local dimming – une absence néanmoins courante sur cette gamme tarifaire, à ne pas interpréter comme un défaut singulier. La colorimétrie n’est pas en reste : couverture de 95 % DCI-P3, 125 % sRGB et près de 88 % Adobe RGB. Les mesures d’usine indiquent un DeltaE moyen autour de 1,5, ce qui est très satisfaisant pour un usage polyvalent. Dans certains cas, une calibration permettrait d’atteindre un DeltaE <1, renforçant la précision du rendu pour les usages exigeants. Le gamma 2.2 est bien respecté, et la température de couleur frôle les 6500K. Il convient toutefois de noter que certains utilisateurs perçoivent le rendu colorimétrique comme relativement neutre, voire un peu sage, notamment en ce qui concerne les verts et les tons saturés, moins percutants que sur certaines dalles IPS ou OLED. En somme, une dalle bien née, qui se montre stable et prévisible, à défaut d’être spectaculaire. L’uniformité de la dalle reste globalement satisfaisante, bien qu’on observe une chute d’environ 100 nits dans le coin inférieur droit sur certains exemplaires, ce qui peut être perceptible sur fond clair homogène.

C’est sur le terrain du jeu que ce moniteur entend briller. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la promesse est tenue à moitié. Si la latence d’affichage est excellente (≈ 4 ms d’input lag), la rémanence pose davantage question. En mode overdrive « Fastest », les temps de réponse chutent à 2,4 ms, mais au prix d’un overshoot marqué, avec apparition de ghosting inversé. Le mode « Fast » se montre plus stable (≈ 4,5 ms) mais peine à suivre le rythme imposé par les 240 Hz. En conséquence, le rendu ressemble plus à celui d’un écran 165 Hz overclocké qu’à un véritable foudre de guerre compétitif. La compatibilité avec AMD FreeSync Premium Pro assure une synchronisation adaptative fluide, sans tearing ni stuttering. Le support G-Sync (non certifié) fonctionne correctement. La fonction Smart MBR (Motion Blur Reduction) permet de réduire la persistance via strobing, mais au prix d’un scintillement visible et d’une baisse importante de luminosité. Il est important de noter que certains utilisateurs sensibles au scintillement peuvent ressentir une gêne, voire des maux de tête, lors d’un usage prolongé avec ce mode activé. Les modes SmartImage Game (FPS, RTS, Racing) et les préréglages Gamer 1/2 ajoutent des outils adaptés, tout comme le SmartCrosshair, un viseur dynamique adaptant sa couleur pour rester visible selon la scène. Bonne nouvelle aussi pour les joueurs sur console : les deux ports HDMI 2.0 permettent un affichage jusqu’à 144 Hz en QHD sur PC. Pour les consoles comme la PS5 ou la Xbox Series X, la compatibilité maximale sera généralement limitée à 120 Hz, souvent en 1080p ou 4K upscalé selon les titres et les capacités de l’upscaling interne. Cela reste suffisant pour profiter de la réactivité du moniteur, en particulier sur des jeux compétitifs ou nerveux. La courbure de l’écran renforce par ailleurs l’immersion, notamment sur les jeux à la troisième personne ou en vue subjective.

Certifié VESA DisplayHDR 400, le 32M2C5500W/00 livre une expérience HDR correcte, sans être transcendante. Les pics lumineux atteignent bien les 470-490 cd/m², les couleurs gagnent en intensité, mais l’absence de gradation locale (local dimming) limite la profondeur des scènes sombres. Des artefacts HDR peuvent apparaître dans certaines scènes très contrastées, avec une accentuation de zones noires ou un bruit chromatique. L’auto-HDR de Windows ou des consoles améliore partiellement la situation, mais ne transforme pas l’expérience. Malgré ses ambitions gaming, le 32M2C5500W/00 est étonnamment agréable au quotidien. La densité de pixels (93 PPI) offre un affichage suffisamment fin pour de la bureautique ou de la création légère. Les technologies LowBlue et Flicker-Free permettent des sessions prolongées sans fatigue visuelle, et l’uniformité de la dalle reste très correcte à l’usage, malgré une perte de luminosité localisée. L’application Evnia Precision Center sur Windows permet de gérer les profils, les modes d’image, les ports USB, et d’effectuer les mises à jour de firmware. Le logiciel est stable et relativement complet, bien qu’encore perfectible sur l’ergonomie. Philips annonce officiellement une consommation de 32 kWh/1000h en mode SDR. En HDR, la consommation relevée dans certains tests grimpe à environ 65 kWh/1000h, ce qui reste raisonnable au regard des performances lumineuses affichées. La dalle reste modérée en chauffe et parfaitement silencieuse. Aucun bruit électrique n’a été relevé durant les tests.

Le Philips Evnia 32M2C5500W/00 n’est pas un moniteur spectaculaire. Il ne cherche ni à impressionner par des chiffres records, ni à revendiquer une supériorité technique absolue. Et pourtant, il accomplit l’essentiel avec une cohérence rare : un affichage fluide, un contraste réussi, une colorimétrie maîtrisée, et une expérience de jeu globalement plaisante. Ses limites sont réelles – une rémanence perfectible, un HDR timide, un menu OSD lent – mais elles n’occultent pas ses qualités : solidité de conception, confort visuel, tarif raisonnable. C’est un écran qui ne triche pas, qui fait bien ce qu’il annonce, et qui se destine à un public averti mais pragmatique. Pour qui cherche une expérience 1440p à 240 Hz sans entrer dans les sphères premium, le 32M2C5500W/00 est une option équilibrée, mature, et pertinente.