Honor 400
Le marché du smartphone n’a jamais été aussi prévisible. Les gammes se suivent et se ressemblent, les sauts technologiques s’étiolent, et les promesses de longévité restent, bien souvent, des vœux pieux noyés dans le vernis marketing. C’est dans ce paysage saturé que le Honor 400 s’avance, comme un contrepoint inattendu. Un appareil à la frontière du milieu et du haut de gamme, à la fois précis, mesuré et volontaire, qui refuse de jouer la surenchère gratuite pour privilégier un autre combat : celui du sens. Un téléphone qui ne cherche pas tant à être le plus puissant ou le plus exubérant, mais à être celui qui durera, qui s’adaptera, qui comprendra. L’ambition est là, posée d’emblée : offrir une expérience complète, esthétique et intelligente, capable de traverser les années sans renier ce qu’elle fut à son origine. Et cette ambition, Honor l’assume avec une rigueur inhabituelle pour cette catégorie de prix.
Le design du Honor 400 frappe d’abord par son aplomb. Rien ne dépasse, rien ne brille à outrance. Le dos, légèrement satiné, épouse la lumière avec discrétion. Le bloc photo, circulaire et centré, évoque la rigueur d’un compas plus que l’exubérance d’un hublot. Le châssis, fin et ferme, affiche 7,3 mm d’épaisseur pour seulement 184 grammes. En main, le téléphone s’efface pour mieux se faire oublier, mais son équilibre, presque chirurgical, trahit une maîtrise formelle que l’on rencontre rarement dans ce segment. L’ergonomie est soignée, les boutons tombent juste, les bordures sont contenues sans chercher l’invisible. Le geste est net, fonctionnel, élégant. Même l’étanchéité — certifiée IP65 — et la robustesse aux chutes, validée par le rigoureux test SGS 5 étoiles, participent de cette promesse de durabilité concrète, sans fanfare. On pourra regretter toutefois l’absence d’un traitement Gorilla Glass ou équivalent pour l’écran, ce qui impose l’usage raisonné d’une protection pour sécuriser la dalle dans la durée.
Mais c’est en allumant l’écran que le Honor 400 commence à se démarquer vraiment. La dalle OLED de 6,55 pouces offre une résolution atypique, 2736 x 1264 pixels, légèrement étirée, avec une densité qui garantit une finesse d’affichage impeccable. Elle est lumineuse, d’une manière presque déconcertante : jusqu’à 5 000 nits en pic HDR selon les spécifications officielles, soit bien au-delà de la plupart des concurrents, y compris dans des gammes tarifaires supérieures. Cet excès de clarté n’est pas un caprice, mais un choix délibéré : rendre l’écran lisible dans toutes les conditions, même en plein soleil écrasant, tout en conservant des contrastes profonds et des noirs véritables. Le taux de rafraîchissement de 120 Hz complète le tableau, garantissant une fluidité sans faille, en lecture, en navigation ou en jeu. Ce qui impressionne ici, ce n’est pas tant la fiche technique que la sensation d’une dalle pensée pour l’usage réel, avec une précision d’affichage que seule l’OLED maîtrisé peut offrir. L’application appareil photo, en revanche, accuse parfois une latence d’ouverture perceptible, surtout à froid — un détail mineur, mais sensible dans les situations où l’instantanéité est clé.
Et l’usage, justement, se veut intelligent. Le cœur du Honor 400 bat au rythme du Snapdragon 7 Gen 3, une puce gravée en 4 nm, discrète mais équilibrée, qui privilégie l’efficacité et la stabilité à la course au benchmark. Couplée à 8 Go de RAM et jusqu’à 512 Go de stockage interne, elle offre la réactivité nécessaire à toutes les tâches du quotidien, sans surchauffe ni ralentissement. Dans un contexte gaming, toutefois, les titres les plus exigeants comme Genshin Impact ou Diablo Immortal imposent de baisser les réglages pour maintenir une fluidité stable. Le Honor 400 n’ignore pas les joueurs, mais il n’est clairement pas pensé pour eux en priorité. Mais ce n’est pas tant la puissance brute qui importe ici, que la manière dont elle est mise au service d’une expérience globale. MagicOS 9.0, basé sur Android 15, encadre l’ensemble avec une surcouche visuellement épurée, mais profondément marquée par l’intelligence artificielle. Tout semble pensé pour anticiper, ajuster, optimiser. Le téléphone apprend, propose, s’adapte. Il corrige la luminosité selon l’intention, s’appuie sur Gemini Live pour contextualiser l’environnement, reconnaît un usage, suggère une action, traduit un panneau, transcrit une note. C’est une intelligence discrète, mais omniprésente, qui n’étale pas ses algorithmes, mais les met au service de gestes simples et précis. Seule réserve : l’interface, si soignée soit-elle, embarque un certain nombre d’applications préinstallées dont l’utilité immédiate n’est pas toujours évidente. La désinstallation est heureusement aisée, mais ce bloatware reste une ombre sur l’élégance initiale de l’expérience.
C’est aussi un téléphone qui s’inscrit dans le temps long. Honor s’engage, de manière officielle et documentée, à fournir six années de mises à jour système et de correctifs de sécurité. Jusqu’en 2031. Ce n’est pas un argument de vente. C’est une déclaration d’intention. Rares sont les appareils, même premium, à garantir une telle pérennité. Cette promesse, adossée à une autonomie solide et une batterie conçue pour durer, confère au Honor 400 une stature particulière : celle d’un terminal qui ne sera pas obsolète dans deux ans, mais qui continuera d’évoluer, de s’enrichir, d’apprendre. Dans ce registre, peu de concurrents directs peuvent rivaliser : ni le Pixel 9a, ni le Galaxy A56 ne proposent un tel engagement logiciel à ce niveau tarifaire.
La batterie, justement, est un autre point de distinction. D’une capacité de 5 300 mAh en version européenne, elle est conçue autour d’une technologie au silicium-carbone, plus dense, plus stable, plus résistante aux cycles répétés. Selon les documents officiels, elle peut encaisser jusqu’à 1 200 cycles de charge sans perte notable, soit environ quatre ans d’utilisation normale. La recharge rapide atteint 66 W via USB-C, avec compatibilité USB Power Delivery jusqu’à 60 W. Aucun chargeur n’est inclus — choix assumé et expliqué dans les guides d’utilisation. L’ensemble est optimisé pour une efficacité quotidienne : recharge rapide, faible chauffe, gestion dynamique. Même l’usage prolongé en charge est déconseillé par Honor, preuve d’une approche responsable de l’électronique grand public.
Mais c’est du côté de la photographie que l’intelligence embarquée du Honor 400 s’exprime avec le plus de brio. Le capteur principal de 200 mégapixels, stabilisé optiquement, s’accompagne d’un ultra grand-angle de 12 MP et d’un capteur avant de 50 MP. La résolution impressionne, mais ce sont les fonctions logicielles qui transforment l’expérience. Le mode High-Res RAW capture des détails imperceptibles à l’œil nu, avec un gain de clarté de 50 % en basse lumière. Le zoom numérique monte jusqu’à 30x, guidé par un moteur d’interprétation algorithmique formé sur 12 milliards de paramètres. Les portraits sont adoucis par un flou dynamique, les scènes analysées en temps réel, les passants effacés sur commande. Tout est piloté par l’IA. Mais le sommet de cette logique est atteint avec la fonction AI Image-to-Video, co-développée avec Google à partir du modèle Veo AI : une photographie devient une séquence vidéo de cinq secondes, synthétisée à partir du contenu sémantique de l’image. C’est un outil encore jeune, limité à dix utilisations quotidiennes jusqu’au 31 août 2025, mais c’est surtout un avant-goût de ce que sera l’image mobile de demain : non plus un instant figé, mais une matière vivante. Dans les faits, les résultats sont variables. L’effet fonctionne, parfois avec poésie, parfois avec maladresse. On sent un potentiel réel, mais encore perfectible. Il ne s’agit pas d’une fonctionnalité centrale, mais d’un laboratoire créatif embarqué. Et à ce titre, l’initiative mérite d’exister. On pourra aussi noter que le téléobjectif optique, présent sur certains modèles précédents comme le Honor 200, a disparu ici au profit d’un zoom numérique, compensé par l’intelligence logicielle. Ce choix pourra décevoir les amateurs de précision à longue distance.
L’audio, sans surprise, s’inscrit dans cette même logique de rigueur. Les haut-parleurs stéréo assurent une spatialisation correcte, et les fonctions d’accessibilité sonore sont nombreuses : équilibre gauche-droite, alertes visuelles pour notifications, compatibilité avec aides auditives Bluetooth, sous-titres personnalisables. Le port USB-C sert également de sortie audio, en l’absence de prise jack. La connectivité est exhaustive, avec double SIM, 5G multi-bande, Wi-Fi 6, Bluetooth 5.4, NFC. Certains modèles pourraient intégrer un port infrarouge, mais cela reste à confirmer selon les configurations locales.
Enfin, le Honor 400 se distingue par un soin rare porté à l’accessibilité. Les fonctions documentées sont nombreuses, activables directement depuis les paramètres système : lecture vocale avec synthèse personnalisée, inversion des couleurs, correction du daltonisme, zoom à trois doigts, texte à contraste élevé, commandes physiques, réponse automatique, suppression des touchers répétés, appels RTT… C’est un téléphone qui n’exclut pas, qui s’adapte, qui prend en compte la diversité des utilisateurs avec sérieux et exhaustivité.
Le Honor 400 apparaît moins comme un produit de compromis que comme une proposition équilibrée et cohérente. Il ne cherche pas à en mettre plein la vue, mais à rester. Il ne court pas derrière les superlatifs, mais vise la stabilité, la précision, l’apprentissage. L’intelligence artificielle n’y est pas un gadget, mais un levier. La durabilité n’est pas un argument marketing, mais une mécanique intégrée. Le Honor 400 est un téléphone de son époque, pensé pour résister à l’usure du temps comme à celle des modes, sans jamais renier les usages fondamentaux qui font un bon smartphone : un bel écran, une autonomie solide, une photo inspirée, une interface fluide. Ce n’est pas un appareil spectaculaire. C’est un appareil juste. Et c’est sans doute sa plus grande force.