TEST – Notre avis sur MotoGP 25 (PS5)

15 Mai 2025 | TESTS / PREVIEWS

MotoGP 25

Comment traduire la sensation brute de 300 km/h en langage vidéoludique ? Comment capturer l’instant précis où l’adrénaline se mêle à la précision millimétrée d’un virage négocié au cordeau ? Depuis plus d’une décennie, la série MotoGP tente d’enfermer la fureur du bitume dans le carcan d’un gameplay. Avec MotoGP 25, Milestone ne se contente pas d’actualiser les livrées des pilotes : le studio revendique une rupture, une ambition renouvelée. Mais est-elle à la hauteur de ses aspirations ?

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La première heure passée sur la piste laisse une impression de densité technique. Ici, pas de place pour l’approximatif. Chaque courbe exige une lecture anticipée du tracé, un dosage chirurgical des freins, et une sensibilité extrême à l’accélération. Le gameplay de MotoGP 25 affirme un positionnement clair : celui d’une simulation exigeante qui ne fait aucune concession à la facilité. Pourtant, grâce à l’introduction d’un mode « Arcade » remanié, l’entrée en matière se veut moins abrupte. Les assistances dynamiques, adaptatives selon les erreurs du joueur, permettent d’appréhender les subtilités mécaniques sans trahir l’essence du pilotage. Cela dit, malgré ces outils bienvenus, la courbe d’apprentissage reste abrupte, et certains profils trouveront difficile d’apprivoiser la finesse demandée par les machines, même avec les aides activées.

Le mode Carrière, repensé en profondeur, insuffle à cette structure technique une dimension narrative inattendue. Les décisions stratégiques hors-piste influencent les dynamiques de rivalité, les développements mécaniques et la stabilité du contrat. On sent une volonté de complexifier l’expérience, de dépasser le simple enchaînement de Grands Prix. L’intelligence artificielle, quant à elle, alterne entre éclairs de cohérence – comme lors d’attaques agressives mais crédibles – et comportements étrangement rigides dans certaines batailles de milieu de grille. Lors des départs notamment, l’IA adopte une dynamique peu naturelle, les motos semblant s’agréger en grappes compactes qui facilitent des dépassements irréalistes dès les premiers virages. Ces moments affaiblissent l’immersion et tranchent avec l’exigence globale du pilotage. La gestion des conditions météo, dynamique et pesante, vient bousculer la lecture des courses. C’est dans ces moments de chaos que le jeu révèle sa richesse systémique, au risque parfois de désorienter les moins aguerris. Si la densité du pilotage forge l’identité du jeu, c’est dans sa mise en scène graphique que MotoGP 25 affirme une évolution plus discrète mais essentielle.

Graphiquement, MotoGP 25 n’est pas une révolution, mais une évolution affirmée. Sur PlayStation 5, les textures s’affichent nettes jusque dans les moindres coutures des combinaisons. L’éclairage dynamique — notamment au coucher du soleil sur des circuits comme Mugello ou Jerez — confère aux courses une dimension presque cinématographique. Le jeu ne cherche pas l’outrance visuelle, mais cultive une esthétique sobre, réaliste, où chaque détail a son poids. Les modélisations des pilotes, plus vivantes que jamais, évitent les pièges de l’effet « plastique » souvent rencontré dans les productions sportives. Les circuits historiques sont restitués avec une minutie géométrique, mais c’est surtout dans les nouvelles destinations — Balaton Park en Hongrie en tête — que l’on sent une volonté artistique de rompre avec la monotonie. L’environnement y respire, la végétation interagit avec la lumière, les gradins vibrent sous les drapeaux. Toutefois, certains éléments comme la végétation ou les bordures manquent encore de densité ou de naturel, créant une légère dissonance visuelle sur les circuits les plus verdoyants. De plus, un phénomène de clignotement en vue première personne vient parfois perturber l’immersion, surtout sur les circuits très lumineux. Même les menus, repensés avec une sobriété élégante, renforcent cette idée d’un jeu affiné dans sa direction visuelle. Le HUD est discret, informatif sans être envahissant, ce qui permet une immersion constante sans surcharge cognitive.

Côté performances, la version PlayStation 5 de MotoGP 25 s’inscrit dans une continuité rassurante. Le framerate reste stable à 60 images par seconde, y compris en écran partagé ou lors des départs sous la pluie, pourtant très gourmands en particules et effets dynamiques. Les temps de chargement, bien que présents, ne perturbent jamais la fluidité de l’expérience. Quelques bugs graphiques persistent, notamment lors de transitions entre cinématiques et gameplay, où certaines textures s’affichent avec un léger retard. Rien de bloquant, mais assez récurrent pour mériter mention. Le moteur Unreal Engine 5 semble bien maîtrisé, même si certaines ambitions visuelles paraissent bridées par une optimisation pensée pour le cross-gen. Sur PS5, cela se traduit par des environnements parfois moins détaillés que ce que la machine pourrait permettre. On sent néanmoins un soin particulier apporté à la cohérence générale de l’expérience, avec une interface fluide, des menus rapides et une stabilité rarement prise en défaut.

Le contenu de MotoGP 25 ne se limite pas à l’alignement de circuits. Si la Carrière constitue l’épine dorsale du jeu, les modes alternatifs comme « Race Off » – proposant des disciplines telles que le flat track ou le minibike – offrent une respiration bienvenue. Ces épreuves périphériques, bien que moins riches mécaniquement, brisent la monotonie et favorisent l’apprentissage de compétences complémentaires (glissades contrôlées, lecture de terrain irrégulier, gestion de freinage asymétrique). Néanmoins, leur nombre réduit — deux circuits seulement pour ces disciplines — et leur traitement plus sommaire peinent à leur donner un véritable poids structurel dans l’ensemble. On perçoit une tentative de diversification louable, mais qui demande encore à s’épanouir pleinement. L’aspect progression est lui aussi affiné. Le développement de la moto passe par un arbre technologique qui ne se contente plus d’un simple score d’amélioration. Chaque choix impacte le comportement de la machine sur différents types de tracé, obligeant à adapter son style ou son ingénierie. Les contrats avec les écuries introduisent une logique de gestion de carrière proche d’un jeu de rôle, où les performances influencent les relations avec les sponsors, les ingénieurs et les autres pilotes. La rejouabilité repose ici sur la diversité des trajectoires possibles, des rivalités évolutives et des parcours professionnels personnalisables.

La bande-son de MotoGP 25 délaisse les envolées rock ou électroniques au profit de compositions plus atmosphériques, utilisées avec parcimonie lors des menus ou des transitions narratives. Mais c’est surtout le travail effectué sur le son moteur qui mérite l’attention. Enregistrement multi-microphone, traitement dynamique selon la position du joueur dans le peloton, effet Doppler accentué dans les replays : tout concourt à transformer l’oreille en un outil d’anticipation. Les effets sonores ne sont jamais gratuits. Le crissement d’un pneu survirant, le frottement d’un carénage sur le bitume, les cliquetis mécaniques à l’approche d’un virage serré : autant de signaux auditifs qui, pour peu qu’on y prête attention, permettent d’affiner son pilotage. Même les bruitages en dehors des circuits – dans les garages ou lors des séquences interactives de la Carrière – bénéficient d’une spatialisation précise. Le mixage général, bien qu’un peu étouffé dans certaines scènes pluvieuses, reste globalement impressionnant de clarté.

L’un des paradoxes les plus intéressants de MotoGP 25 tient à sa position dans la série. Il s’agit sans doute de l’épisode le plus ambitieux, le plus structuré sur le plan ludique et narratif, mais il reste encore marqué par certains tics hérités des itérations précédentes. Le manque de contenu historique – légendes de la discipline, circuits disparus – crée un sentiment d’incomplétude pour qui espérait une fresque patrimoniale. Ce vide patrimonial laisse un arrière-goût d’inachevé, surtout dans un opus qui aurait pu servir de célébration à l’histoire du championnat. L’innovation est bien là, notamment dans l’intégration de micro-choix narratifs et l’approche systémique de la Carrière, mais elle ne s’affirme jamais totalement comme rupture. À l’échelle du genre, le jeu se situe entre la rigueur d’un Ride 5 et l’accessibilité d’un F1 24, sans atteindre la personnalité singulière de ces deux extrêmes. Là où Ride impose une maîtrise mécanique quasi monacale et F1 enveloppe son joueur dans un théâtre dramatique complet, MotoGP 25 reste parfois entre deux postures. Cela ne l’empêche pas de tracer sa voie, avec une cohérence remarquable, mais cette identité encore floue limite son impact émotionnel sur le long terme.

MotoGP 25 est un jeu exigeant, précis, parfois frustrant, mais profondément honnête dans ses intentions. Il ne cherche pas à séduire par la surenchère, mais par l’affinement. Chaque virage réussi devient une récompense intérieure, chaque victoire le fruit d’une lecture profonde de systèmes intriqués. On y revient non pour débloquer un trophée, mais pour maîtriser un circuit qui résiste. C’est une œuvre qui s’adresse à ceux qui aiment comprendre avant de dominer, ressentir avant de gagner. Elle n’est pas faite pour l’évasion rapide ni pour la gratification immédiate. Mais pour celles et ceux qui acceptent de plonger dans la logique rugueuse du sport mécanique, MotoGP 25 constitue un jalon important, un palier franchi avec rigueur, élégance et ambition. En cherchant à traduire la violence muette du sport mécanique en langage interactif, MotoGP 25 ne crie jamais. Il vibre.