Until Dawn
La question est simple : le remake d’Until Dawn sur PlayStation 5, développé par Ballistic Moon, parvient-il à capturer l’intensité et la tension de l’original tout en offrant une expérience adaptée aux attentes modernes ? Alors que l’original, paru en 2015, avait marqué les esprits par son approche cinématographique et narrative, ce remake sur PS5 promet de réactualiser cette aventure d’horreur avec les standards techniques actuels. Toutefois, réussir une telle opération de refonte n’est jamais simple. Il faut savoir moderniser sans trahir l’essence de l’œuvre initiale. Voyons en profondeur si ce remake parvient à sublimer les atouts du titre d’origine tout en effaçant ses lacunes.
Le cœur d’Until Dawn repose sur son gameplay narratif où chaque décision compte. Chaque choix que vous faites influence directement le déroulement de l’histoire, un mécanisme qui fonctionne toujours aussi bien aujourd’hui qu’en 2015. Grâce à la technologie moderne de la DualSense, certaines interactions ont gagné en intensité avec des retours haptiques soignés, notamment lors des moments de tension où votre cœur s’emballe et que chaque vibration du contrôleur amplifie le sentiment d’urgence. Cependant, la mécanique de l’effet « papillon », bien qu’efficace pour pousser les joueurs à réfléchir à chaque choix, reste parfois trop punitive et manque de subtilité. Dans certains cas, des décisions mineures peuvent mener à des conséquences disproportionnées, ce qui peut frustrer le joueur. Il arrive également que le jeu semble dicter les événements malgré une liberté de choix apparente. Ce sentiment d’illusion dans le choix est un défaut inhérent à l’original que le remake ne parvient pas à corriger, donnant parfois l’impression que la promesse de contrôler le destin des personnages est un peu biaisée.
L’une des grandes promesses d’Until Dawn repose sur sa rejouabilité. Chaque partie peut être différente selon les choix effectués, avec une multitude de fins possibles. Cela pousse naturellement à recommencer l’aventure pour découvrir les différentes ramifications de l’histoire. Mais là encore, le système de choix montre ses limites. Si l’on apprécie de voir les conséquences directes de ses décisions, on constate rapidement que beaucoup de scènes restent inchangées malgré des choix radicalement différents. Certes, quelques personnages peuvent vivre ou mourir selon vos actions, mais le cadre général reste le même, et la redondance s’installe après plusieurs parties. Le remake n’apporte d’ailleurs que peu d’innovations sur ce point, laissant certains joueurs sur leur faim en termes de renouvellement de contenu.
L’un des points forts d’Until Dawn réside sans aucun doute dans son intrigue. Inspiré des films d’horreur classiques, le jeu vous plonge dans un huis clos sur une montagne isolée, où un groupe d’amis est traqué par une menace invisible. Les multiples retournements de situation et l’ajout de plusieurs couches de mystère gardent le joueur en haleine tout au long de l’aventure. Cependant, en y regardant de plus près, le scénario reste assez conventionnel et ne va pas au-delà des clichés du genre. Si l’histoire parvient à capter l’attention, elle ne surprend pas véritablement. Les joueurs qui découvrent Until Dawn pour la première fois pourront apprécier ces rebondissements, mais ceux qui ont déjà parcouru l’original pourraient trouver que le jeu manque de profondeur sur certains aspects narratifs. De plus, certains dialogues sonnent encore faux, avec des lignes qui semblent stéréotypées et parfois mal interprétées, malgré l’amélioration des performances vocales grâce à la puissance de la PS5.
Visuellement, Until Dawn sur PlayStation 5 impressionne par ses améliorations graphiques. Les environnements enneigés, les décors inquiétants de la montagne, et l’architecture lugubre du manoir sont désormais rendus avec une finesse et un niveau de détail saisissants. Les jeux d’ombres et de lumière accentuent encore plus cette atmosphère oppressante et anxiogène, plongeant le joueur dans un monde où chaque recoin semble cacher un danger. Le moteur graphique a été largement optimisé, et les personnages affichent une modélisation plus réaliste, rendant leurs expressions faciales et leurs émotions plus crédibles. Néanmoins, certaines animations, en particulier lors des mouvements des personnages, trahissent encore l’héritage de la génération précédente. Par moments, le décalage entre la qualité visuelle des scènes cinématiques et le gameplay devient évident, surtout lorsque les animations paraissent raides ou saccadées. Cela peut nuire à l’immersion dans des moments clés, où le joueur est censé être totalement captivé par l’action.
Le remake d’Until Dawn bénéficie évidemment de la puissance de la PlayStation 5, mais cela ne suffit pas toujours à masquer la structure relativement rigide du jeu d’origine. Le système de QTE (Quick Time Event), au cœur de nombreuses scènes d’action, reste une mécanique qui divise. Certains joueurs apprécient l’aspect réactif et stressant de ces séquences, mais pour d’autres, cela limite trop le contrôle direct du joueur. En effet, on a parfois l’impression de regarder plus que de jouer, ce qui peut nuire à l’engagement, surtout dans les moments où l’on aimerait avoir davantage d’implication manuelle. De plus, le design linéaire des environnements laisse peu de place à l’exploration. Alors que certains titres modernes ont su allier narration et liberté d’exploration, Until Dawn reste assez figé dans ses couloirs et chemins prédéterminés. Cela peut décevoir certains joueurs en quête d’une plus grande liberté de mouvement, surtout dans des décors aussi intrigants.
Si Until Dawn a su se démarquer, c’est en grande partie grâce à son atmosphère unique. Le remake conserve cet atout tout en l’amplifiant grâce aux capacités sonores de la PlayStation 5. Le sound design du jeu est exceptionnel. Les bruits de pas sur la neige, les craquements inquiétants dans l’obscurité et les sifflements du vent glacé participent à rendre l’expérience encore plus immersive. Les scènes de poursuite sont rendues encore plus nerveuses par l’utilisation du son 3D, qui permet au joueur de ressentir la menace comme si elle était juste derrière lui. Cependant, l’intensité de l’atmosphère est parfois atténuée par des baisses de rythme dans la narration. Certaines séquences traînent en longueur, avec des moments creux qui cassent la dynamique du jeu. Bien que ces pauses puissent être vues comme des moments de répit, elles auraient pu être mieux exploitées pour renforcer la tension plutôt que de simplement ralentir l’histoire.
En conclusion, le remake d’Until Dawn sur PlayStation 5 est une réussite sur bien des aspects, notamment grâce à l’amélioration des graphismes, du sound design et des performances des personnages. Les bases du jeu restent solides, avec un scénario captivant et des choix moraux qui pèsent véritablement sur le destin des personnages. Cependant, le jeu n’a pas su se libérer complètement des limites de l’original. Les animations datées, la linéarité des environnements, et un système de choix qui donne parfois une illusion de liberté peuvent frustrer. De plus, bien que la rejouabilité soit un argument majeur du jeu, elle reste limitée par une structure narrative trop rigide et un manque de nouveautés dans le contenu.
Pour les joueurs qui découvrent Until Dawn pour la première fois, ce remake représente une excellente entrée dans l’univers du jeu narratif d’horreur interactif. Pour les vétérans, malgré le plaisir de revivre l’aventure dans des conditions techniques optimales, le manque d’innovations pourrait laisser un sentiment mitigé. Ce remake s’inscrit finalement dans la tendance des remises à jour graphiques efficaces, mais qui peinent à véritablement réinventer le jeu.
